mardi 7 février 2012

Jour de ponte...

En ce moment, autour de moi, les copines pondent à tour de bras (enfin, façon de parler…)
 
Du coup, j’ai repensé au mien, d’accouchement (oui parce que c’est de ça qu’on parle quand même, enfin, je dis ça, je dis rien hein...) du moins, le dernier. 8 mois à me vautrer sur le canapé, 8 mois à serrer les fesses pour que plus jamais rien ne sorte d’un quelconque trou m’appartenant (ça a changé depuis nan?), 8 mois enfermée dans mon salon avec la zapette, l’ordi, la bouffe servie sur un plateau. 8 mois de léthargie totale pour que BB2 reste où il était. 8 mois ! Et au bout de 8 mois, hop, demi-tour, il ne voulait plus sortir.
 
Et puis un soir, quelques petites contractions. Régulières. Pendant 2 heures. Puis plus rien. J’appelle la maternité, histoire de savoir s’il fallait s’inquiéter.
Apparemment, oui.





« NON MAIS POURQUOI VOUS N'ETES PAS ENCORE ICI VOUS MADAME ????, C'EST PAS COMME SI LE TRAVAIL ETAIT ENTAME CHEZ VOUS!!!!!»
 
Il était 1h du mat. Zhom gobait la télé, BB1 pionçait, j’ai pris les clefs, et je suis partie. Zhom me dit « ok, à t’à l’heure ».

J’arrive à la mater. Je sonne. J’attends. Longtemps. Puis : « Vous venez pourquoi » ?
- Faire une touze, je peux ?

Nan je rigole.

Une dame de ménage vient m’ouvrir.

« Vous êtes seule ?
- Oui
- MAIS CA VA PAS MADAME !!!!

J’arrive à l’étage des urgences. Zézette appelle une sage-femme :

« c’est une dame !
- Oui, ça je vois.
- Elle est toute seule.
- Et ?
- Ben c’est pas bien !
- Mais elle vient pour quoi la dame ?
- Ben pour accoucher !!!!!
- Elle a pas l’air d’accoucher… Madame, vous venez pour quoi ?
- Ben j’ai appelé, on m’a dit de venir..
HA C’EST VOUS ???? ET VOUS ETES VENUE SEULE ???? MAIS VOUS FAITES VRAIMENT N’IMPORTE QUOI !!!

Encore un peu et j’avais droit au martinet.
 
On me passe en salle d’auscultation. Et puis j’attends. Les fesses à l’air. Je me demande tout le temps s’il n’y a pas une caméra cachée dans un coin. Je sais, j’ai de drôles d’idées.
 
C’est génial les urgences, quand on y pense : en gros, l’urgence c’est d’attendre. Ils ont tous 2 de tension, on attend des plombes, bref, on dirait que tout le monde s’est passé le joint tellement ça plane et c’est mou. Sauf que
« Mais MADAME, vous êtes en travail ! Je vous l’avais dit ! Il est où votre mari ???
- ben y dort
- Mais il est fou ! Appelez-le !
- Ben non, Y DORT !
- Et alors ? Faut le réveiller !!!
- On voit que vous ne le connaissez pas…. »


Branle bas de combat, tout le monde s’affole. Et moi j’attends.
 
Le gygy se pointe. C’est lui qui a dû fumer le plus, il est calme, souriant, il a les yeux défoncés.
 
« Avancez en salle d’accouchement, j’arrive. »
 
J’y vais. A pied. C’est au bout du couloir.
 
Personne.
 
J’attends.
 
Une blouse blanche arrive.
« Qu’est-ce que vous faites là ?
- ben j’attends pour accoucher !
- ??? C’est une blague ? »
 
Gygy se ramène. « Oui, oui, elle accouche ». Yeux de merlan frit de la blouse blanche. Héhé, je sais, c’est la classe.


On m’emmène, on m’installe. A poil. J’adore. J’ai jamais compris pourquoi fallait être toute nue avec un bonnet sur la tête, alors qu’en Afrique les femmes accouchent dans un champ tout dégueu entre deux cannes à sucre.
 
On me branche et on me dit d’attendre (c’est bizarre, j’ai l’impression de me répéter, je sais pas pourquoi !).
 
On me met la péri. J’ai les jambes en guimauve et du coup c’est l’éclate côté sage-femme, on me fait prendre plein de positions à la con sans que je ne puisse rien dire. (Nan ma langue n’est pas endormie, mais je peux pas leur courir après, alors, à quoi bon ?)
 
« Je reviens dans une heure, je vais prendre mon petit déjeuner, y a le temps. »
 
Elle me donne faim.
 
Je suis toute seule, le cul à l’air, je pète sans m’en rendre compte et j’attends.


Alors j’appelle ma sœur. « T’es en train d’accoucher, là ? Sérieux ? Mais pourquoi tu cries pas ? Pis il est où ton homme ? Moi je veux accoucher comme toi ! »
 
Mais d’un coup j’ai mal, j’appuie sur le bouton rouge. Une sage-femme arrive, ça faisait 5 minutes que l’autre était partie.

« Haha, ça pousse ? dit-elle pour blaguer
- J’en sais rien, j’ai mal.
- C’est probablement la péridurale qui n’est pas assez forte….ben non c’est pas ça…. Je peux regarder ?
- Allez-y, pour maintenant, je suis plus à un doigt près…
- Héhé…. O putain ! euh pardon…. Il est où votre mari ? vite faut que j’appelle le docteur. Et ma collègue vous l’avez vue ? Poussez pas hein, vous n’êtes pas prête… Putain, y a pas les étriers… fermez les cuisses… Putain y répond pas ! Putain ! Putain ! Putain ! Oh pardon… Punaise ! Punaise ! Punaise !!!! »


Elle part en courant. Pas la peine d’appeler zhom, le voilà qui débarque, la trace de la télécommande en travers de la figure.


barquement de sages-femmes, miettes de croissant au bec et café à la main.
 
« -Vous accouchez ?
- Nan je fais semblant».
 
Elles regardent chacune leur tour. Dommage que ce trou là ne fasse pas de photo, parce qu’il en aurait fait des portraits!

« Hannnnnnnnnnnnnnnnnn mais vous accouchez là !!!
- Sans blague ?
- Poussez pas, Madame ! Attendez ! (encore…) »
 
L’une met un étrier. L’autre…galère. Elle essaie de mettre le sien.
 
« Comment il est ton étrier à toi, regarde, le mien est tordu !
- Oh ben oui mince c’est pas bien ça ! Et si tu essayais comme ça ? regarde !
- Ah oui tiens c’est pas mal, ça a l’air d’aller hihihi, mais tu l’as mis à quelle hauteur toi ?
- oh ben je sais pas, et si on comptait les encoches ?

BEN VOYONS ! PIS MOI JE VAIS FAIRE UN GOLF ET JE REVIENS !!!!
 
Du coup j’avais un pied au-dessus de la tête, l’autre, en grand écart gauche. Entre les perfusions, les sangles et tout le reste, on aurait dit Spiderman prêt à décoller….
 
Gygy se pointe.

« Comment ça va ! Oh ben tiens je vois une tête ! Mais c’est quoi cette épilation madame ? On voit pas ses cheveux ! Vous avez déjà poussé ? y a du caca par terre !
- hein ?
- Non je rigole. Oh mais il est bizarre cet étrier, on dirait qu’il est tordu, attendez… et il sort un tournevis. Il était là, à cafouiller un boulon, le nez sur mon vagin qui beuglait, quand plop, la tête de mon fils est sortie.
- Oh zut, j’y étais presque, j’avais trouvé le problème… bon, sortez le reste, que je m’y remette ! »


Il était question de pousser. Zhom s’est cru dans un film américain et m’essuyait le visage comme si je suais le Mississipi tout entier, sans faire attention qu’en fait il me mettait des claques et des doigts dans les yeux. Il était trop occupé à regarder le fameux boulon….
 
J’essaie malgré tout de m’y mettre, pas fastoche dans cette position là. Surtout quand le fond sonore passe de René la Taupe au Papa Pingouin (Trop cool le DJ de la mater…). Zhom m’encourage comme si j’étais à 100 mètres de gagner le Tour de France. BB2 sera cycliste, ça le fait sortir aussi vite qu’un suppositoire qu’on expulse….
 
Pas le temps pour un peau à peau, la chaudière vient de lâcher, faut habiller bébé. Gygy frétille déjà du tournevis.
 
On me présente le placenta (trop dégueu ce truc!). Enfin, on essaie. Il a fini sur la vitre. La faute à gygy qui en finissait avec son boulon, on le voyait plus accroupi sous la table.
 
On me recoud. Deux autres gygys viennent se taper la discute. Tous trois viennent d’acheter une voiture (ça rapporte de cafouiller du poil on dirait !), et donc autant comparer les bolides quand moi j’ai le capot ouvert avec une sage-femme qui me tripote le carbu et le pot d’échappement.

D’ailleurs je sais pas bien ce qu’elle tripote. J’ai plutôt l’impression qu’elle joue au bilboquet ou qu’elle a perdu son dé à coudre quelque part et qu’elle n’ose pas me le dire. Ou alors elle a sorti une bille et se fait un solitaire.
 
On me ramène mon fils. On dirait le Stroumpf cosmonaute. Soit disant qu’il avait fait pipi sur le super choupi pyjama que j’avais préparé. Du coup ils en ont sorti un, sponsorisé par une grande marque de repas pour bébés. Taille 24 ans (si si). Avec écrit «Mon bib, ce héros ». Tout le monde part manger.
 
Moi on me donnera juste les garnitures…. (Et là, je laisse juste votre imagination faire son œuvre.)


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