mercredi 21 mars 2012

Contrôle Technique Pédiatrique (ou l'art de passer pour une mère dingole incompétente).

L’avantage d’avoir des enfants en bas âge, c’est que toi, madame (ou monsieur), maintenant, en plus d’un ostéo, d’un psy, d’un toubib, d’un dentiste, d’un gynéco, d’un ophtalmo, d’un oto-rhino, d’un gastro, ben maintenant, tu as un pédiatre.
 

Même qu’il devient LE mentor de ta vie, de l’éducation, de TOUT. Tes phrases commencent par « Mon pédiatre a dit que…. ». Enfin surtout quand tu n’as qu’UN enfant. Quand tu en as DEUX, c’est plutôt « Il commence à me gonfler, le pédiatre, à dire que… ». Je n’imagine même pas quand t’en as 3. Ou 7. Ou 12. Ou 251. (M’enfin là ton utérus doit commencer à faire la tronche un peu …)
 

Je ne sais pas toi, mais moi, quand j’y vais, grâce aux miens (d’enfants), le « irritable » de l’utérus se transforme en « enragé », « embarrassé », «dégoûté », « déshonoré », « révolté », « scandalisé » et surtout, « éreinté ».

Ca te parle ? Non ? Explication.
 

Juste un détail avant : sache que le pédiatre, il a son cabinet (haha, sympa ce mot) dans le couloir d’une maternité. Tu t’en fous ? T’inquiète, ce petit détail a son importance…

Je te passe les moultes péripéties pour arriver à l’heure (vaste blague, l’heure, hein, avec 2 gosses, soit dit en passant) tu auras bien assez à lire comme ça. Je débarque donc en salle d’attente. En retard, mais bonne nouvelle, le pédiatre aussi l’est ! Genre 2 heures …
 

Heureusement mes enfants sont sages. 10 secondes. Après, mon visage, c’est l’arc en ciel :
 

BLEU : ben ouais, BB2 s’est lâché. Et comme il avait mangé des poireaux ce midi, ça pique les yeux, et c’est tenace.
 

VERT : à cause d’une envie dingue de dégobiller en changeant ladite couche empoireautée. Mais je suis sympa, j’ai fait ça dans la salle d’attente pour faire profiter tout le monde. En plus il fait chaud. C’est cool (ou coule) un caca qui mijote dans une poubelle, derrière une fenêtre, en plein soleil et qui pue la rage alors avant même qu’on en découvre sa couleur. Vivement ce soir tiens, ça va être chouette avec l’odeur de la soupe aux choux. (Alors, t’y penses là, à mon détail ?)
 

JAUNE : mon chemisier. Faut savoir que compote de pêches vomie + pipi au caca de poireaux = jaune. Un bon jaune qui chlingue.
 

ROUGE : D’un côté parce qu’il fait chaud. J’ai attrapé un coup de soleil (« Un coup d’amour, un coup de je t’aime[1] »… Aaaaaaaaaaah, comme ça toi aussi tu vas la chanter toute la journée). D’un autre parce que je suis fière : dès que quelqu’un entre dans la pièce et qu’il dit « WOW PUTAIN CA BLAIRE ! C’EST QUOI CETTE ODEUR ? », je peux répondre « c’est MON FILS ! ».
 

GRIS/NOIR : parce qu’une couche aux poireaux qui fermente te fiche une cuite de compèt’.

VIOLET. Siiiii c’est possible. Quand rouge c’est plus suffisant. Violet, c’est pour la honte quand BB1 :
- chipe toutes les tututes qui passent sous son nez et se met à courir en blatérant comme un chameau parce qu’elle ne veut pas les rendre.
- se plante devant une mère qui a une chaise qui grince et qu’elle dit « Haaaaaaaaaaaaaa maman agad, ‘adame PROUT !!! » 
- va voir un jeune ado pour dire « toi zizi, maman, zézette. »
- regarde un papa mettre les doigts dans son nez et dit « Agad Maman ! Cô Papa !!! Hummmmmmmmmmmmm miam miam ! ». et la voilà partie à fourailler le sien.
- s’interroge devant une maman sortant son sein pour nourrir son bébé, grimpe sur les jambes de ladite dame et écrase le marmot en essayant d’aller choper le second néné pour le tétouiller à son tour.
- se frotte sur ma jambe en hurlant « Ah dada ! Ah dada ! Ah dada ! »
- s’élance dans le couloir en disant bien fort « coucou » avant d’ouvrir chaque porte et de hurler « BEUH » et faire brailler de trouille tous les nourrissons de l’étage. (Note personnelle : voilà qui promet de beaux jours aux psychologues pour enfants dans les semaines, mois, années à venir. Merci qui ?)
- met la main dans la couche pour se gratter les fesses (en plein milieu de la pièce, of course), puis sent son doigt en disant « hahaha cô Tonton ». (Précision : le fameux tonton en question a eu la bonne idée d’illustrer le « jeu » du « doigt-qui-pue » en la présence de ma fille. Ce jeu consiste, au cas où, brêle que tu serais si tu ne pigeais rien, à se mettre un doigt dans la raie de fesses et à le faire sentir à une victime en guise de châtiment. Je décline donc toute responsabilité quant à l’origine de cette idée de mon mini-moi, mais me voilà à en assumer les conséquences ! Merci Tonton ! La prochaine fois, je lui filerais pas l’adresse de mon ostéo…. Quant à toi, lecteur, ne m’envoie pas les assistantes sociales : Tonton, il a Tata. Même qu’ils vont se marier. C’est pour dire si sa punition va durer longtemps…)

Violet c’est aussi la couleur que j’ai, à force de beugler comme une buse pour faire semblant d’avoir de l’autorité.


BLANC : de peur. Voilà le pédiatre, c’est notre tour.


C’est pire que le Bac. Tu entres, tu t’assois, il scrute tes enfants et pour chacun, il te demande : son âge (en mois), sa taille, son poids, ce qu’il mange, la couleur de ses crottes, leur consistance, les heures de sommeil, la qualité du sommeil, qui le garde, à quoi il joue, s’il mange seul, s’il boit seul, s’il connaît ses couleurs, s’il entend, s’il a des oreilles, des yeux, un nez, une bouche.

Ca va tellement vite, tu es tellement flippée que tu as faux au ¾ des questions. Pour toi, ton gosse fait 45 kilos pour 15 mètres 09, mange 3 haricots avec ses 6 oreilles alors qu’il a 27 ans, fait des crottes en béton roses fluo, dort 59 heures par jour, connaît les 130 couleurs de l’arc-en-ciel mais ne boit pas seul au bib, et pour s’endormir il suce son genou.


Ce pédiatre, il est trop fort. Grâce à lui, tu sais que tu es la mère (ou le père) la plus merdique du monde.


Pendant ce temps là, tes gosses te regardent avec des gros yeux de Tarsier[2] en se demandant ce qu’il t’arrive. Mais ça dure genre 15 secondes. Après c’est festival. On retourne le cabinet du pédiatre pour montrer qu’on est super bien éduqué et que maman qui braille comme un All Black émasculé, ben, on s’en tape un peu. Ou alors on est sourd. Ou alors, c’est juste une question d’habitude.


Bref, toujours est-il qu’après tout ça, je suis toute chamboulée. Je déshabille BB2. Zut, j’ai mis un body troué avec des tâches propres.


Petit tour d’horizon du docteur qui permet à BB2 de s’époumoner comme une castafiore et hop, Mister Pédiatre ouvre la couche, histoire de tâter les roubignoles. Sauf que les poireaux, il en avait gardé encore le bougre. Infection générale dans le cabinet (quand je vous dis que c’est top comme appellation), et des doigts du Docteur (pas trop content).

« Vous ne le changez pas quand il a fait, votre fils ? »
- Ben euh…. »

Pis voilà. Je n’ai rien dit de plus. Pourtant TOUT LE MONDE sait que je l’ai changé…. Sauf le pédiatre.


Mon fils braille et rebraille. J’ose un : « il doit avoir faim !
- Mais pourquoi ? Vous ne lui avais pas donné à mangé ? Vous auriez eu le temps pourtant !
- Ben je ne voulais pas fausser son poids ?
- En le mettant à la diète forcée, vous croyez que c’est mieux ? »


Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin. Moi aussi je voulais pleurer. On pense bien faire et on fait pire. Puis on se fait crier.


Arrive la pesée. Je chope BB2. Mal. Il manque de tomber. Nouveau regard bizarre.


Quelques questions :
« Il gazouille ?
- Euh, oui.
- Dit des syllabes ?
- Euh oui.
- Lesquelles ?
- ….
- D’a-ccord… Il pointe du doigt ?
- Euh
- Bien… Il dit bonjour et au-revoir ?
- Euh, je sais pas…. (ma voix tremble)
- Il louche ?
- Je ne crois pas (ma voix chevrote)
- Mais c’est quoi cet hématome ?
- Je sais paaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaas (je sanglote, je naze, je bave)
- Vous savez que vous avez un fils quand même ??? »


Fin de l’inquisition. Faut rhabiller bébé. Allez savoir pourquoi, je n’y arrive pas. La chaussette est catapultée sur le lampadaire, le pantalon s’enfile mal sur les bras, et j’ai oublié la couche…


Au tour de BB1. C’est plus fastoche, elle passe un test. Enfin, elle aurait pu. Elle s’éclate avec les lunettes qu’on lui file et démonte/remonte les verres. Ne reconnaît aucun animal. Ne veut pas parler. Imite son frère en faisant « gagagagaga » à chaque question. Ne réagit pas quand on l’appelle. Jette les cubes au lieu de les empiler. Marche comme un chimpanzé.
 
Le pédiatre ne fera aucun commentaire.


Il remplit le carnet de santé. Ca va vite : il ne peut rien cocher vu qu’il n’a rien constaté. Juste « à solliciter » ou « à stimuler » à côté de « enfant instable aux connaissances incertaines. Acquis à réévaluer dans un autre contexte » et me voilà avec une ordonnance longue comme un bras pour des bilans à faire : chez l’ophtalmo, chez l’ORL, chez l’orthophoniste etc etc… bref chez tous les toubibs du coin.
 
Il me demande si j’ai des questions. Je sors ma fiche et je la range. J’ai trop la trouille de demander des trucs du genre : « sur les boîtes de lait, c’est écrit que le lait 2ème âge c’est jusque 1 an. Je donne du lait de croissance après ? » (Oui parce que quand on va chez le pédiatre, on a toujours des questions débiles comme ça. Même qu’on connaît la réponse mais on veut la poser quand même…)
 
On sort. ENFIN. On rentre. ENFIN. Zhom demande si ses enfants lui ont fait honneur.
 
« A ton avis, chéri ? »



[1] Tu cherches qui c’est qui chante ça ? Allez, je vais t’aider, c’est Richard Cocciante, tu sais ? Le Coup De Soleil

[2] Je suis sûre que tu ne sais pas ce que c’est qu’un Tarsier. Tiens, CLIQUE-LA VA, sinon tu ne seras pas concentré sur le reste de la lecture.






2 commentaires:

  1. trop trop fort j'adoooooore!!!piopepette

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  2. bah voilà j'ai la chanson dans la tête ... Merci Schmurrr

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